Hampi, la région des temples
Nous quittons notre havre de paix, de soleil et de cocotiers par le nightbus. Les bus de nuit ne sont pas tout à fait aussi effrayants que nous ne le pensions. Nous nous étions déjà frottés à la circulation locale et à l’usage du klaxon, aussi cela ne nous fait plus autant stressé. Une fois passée l’adaptation aux accélérations et freinages, aux tournants et aux cassis (très fréquents ici), nous parvenons à nous endormir relativement vite.
Le bus est aménagé en couchettes doubles, isolées par des rideaux, alignées en longueur les unes derrières les autres, sur deux niveaux, de part et d’autres d’un minuscule couloir ; le tout rafraîchi par un air conditionné bien inutile en fin de compte, et impossible à arrêter complètement. Notre couchette est petite, certes, mais suffisante. La nuit passe vite.
Le gros hic dans les voyages en night-bus, c’est les toilettes : il n’y en a pas ! (contrairement aux trains, mais vu la propreté des lieux, notre psychologique joue le rôle de bouchon, la nature est bien faite! J’imagine que ce psychologique agit de même dans les bus ; aucun problème de cet ordre à signaler en tout cas).
Vers 6h, on nous réveille tous. Nous sommes à Hospet (à un quart d’heure de notre destination) où une foule de donneur-de-cartes-d-hotel-hello-my-friend-this-is-my-cousin’s-guesthouse-and-it’s-cheap nous assiègent… Nous repartons assez vite, et arrivons finalement à Hampi. Nous trouvons rapidement une guesthouse (ben oui, ça a beau être du marketing facile à destination de touristes naïfs, les prix proposés restent pas mal). La chambre est… simple… minimaliste ! Ou pour le dire de façon tendance : super zen. Pour commencer, pas de sdb ni de toilettes privatives… pas de toilettes européennes non plus d’ailleurs. Tant bien que mal, nous tentons de franchir le pas difficile que représente l’utilisation de toilettes turques communes à toute la guesthouse. L’enthousiasme nous étouffe. En ce qui concerne la chambre à proprement parlé, nous refusons la moins chère, infestée de moustiques du sol au plafond, et optons pour un petit cran au-dessus… qui reste néanmoins pas très haut ! Nous disposons d’une pièce presque totalement remplie par notre lit double dans lequel Scott peut difficilement étendre les jambes, avec pour sommier une planche de bois et pour matelas un espèce d’édredon fort peu épais et plutôt dur… Le sol n’est pas carrelé, nous n’avons aucune étagère, le toit est fait de tôle ondulée (la température monte dès qu’arrive le soleil), mais au moins nous avons un moustiquaire (tendu tant bien que mal à 20cm de nos visages) et un ventilateur. Autant vous dire qu’on n’y passe que le temps requis pour dormir.
Nos journées se passent sur le toit du bâtiment, où des futons (les mêmes que notre matelas en fait) sont disposés par terre au milieu de tables basses (simples grosses planches déposées sur des bacs vides) ; on y accèdent pieds nus. Le lieu est à la fois salon, salle de détente, de jeu, et restaurant ; nous y passons pas mal de temps.
Hampi s’avère être une belle région. Le lieu est vallonné, les relief étant recouverts de gros blocs de pierres ocres et arrondis qui semblent y avoir été déposés par des géants jouant au mikado. Et plus ou moins cachés, plus ou moins en ruine, plus ou moins tardifs, plus ou moins grands, plus ou moins travaillés, et toujours de la même couleur ocre que les rochers environnants, des temples !
Dès notre arrivée, nous les voyons. Impossible de les louper, ils sont partout. 400 environ selon le routard. Malheureusement, rien ne se visite, aucun panneau n’explique quoi que ce soit. On peut se balader partout sans payer aucun accès, mais rien n’est mis en place pour valoriser le site (encore en étude d’ailleurs). Un jour nous louons des vélos pour explorer plus loin (et trouver un ATM). Des plantations de cocotiers et de bananiers (dans lesquels on aperçoit de temps à autre une colonne sculptée abandonnée là) alternent avec les temples et ce qui nous semble être des palais.
Nous découvrons également davantage la faune locale : des vaches (présentes également sur les plages goannaises, après tout, tout le monde a droit à se dorer la croûte au soleil), bien sûr, comme partout en Inde ; des poules, toujours en liberté (comment savent-ils lesquelles sont à qui?) ; mais aussi des écureuils, des perruches, et surtout des singes, que nous pouvons approcher de très près.
Deux nuits suffisent néanmoins à combler notre appétit archéologique (et à nous casser les reins), et nous reprenons les trains de nuit. (à suivre)