Laos, le calme après la tempête
C’est donc après une traversée un peu trop longue et pas franchement très tranquille que j’atteins Vientiane, capitale du Laos. Et pour une capitale, franchement je reste bouche bée… Il me faudra plusieurs jours pour savoir si on roule à droite ou à gauche, puisque ici le trafic est tellement calme qu’on voit rarement deux voitures se croiser! Je savoure intensivement chaque seconde de ce calme bienfaiteur, de ce soleil radieux et de cette atmosphère si différente de celle d’Hanoi. Je passe ma semaine sans Scott à me balader entre les innombrables temples et les petits restos tout sympas, à me reposer de tout le stress et le bruit vietnamien, à me ressourcer de la bienveillance des Laossiens. Une infirmière m’embarque d’ailleurs dans un resto un jour, simplement pour parler de la pluie et du beau temps.
Rapidement Scott m’annonce qu’il a pu vendre la moto à un prix suffisant pour couvrir l’achat et tous les frais, et me rejoins dès le lendemain. À son tour, Scott savoure le beau temps, le repos, le calme. Quelques temples et une balade à vélo plus tard, nous nous décidons enfin à partir vers d’autres cieux.
Luang Prabang sera notre étape suivante. Une ville relativement petite, n’offrant comme attrait majeur que deux cascades aux alentours. Nous demandons conseil et nous laissons guider par un chauffeur de tuktuk collectif vers la plus proche. une fois arrivés, nous traversons d’abord les immanquables attrape-couillons vendant brochettes de poulet et pantalons hippies à vingt fois le prix, avant d’admirer des ours bruns super adorables dans un petit refuge, et d’atteindre enfin les fameuses cascades. Ici, point de tombée vertigineuse de litres et de tonnes d’eau s’écrasant bruyamment en un nuage aspergeant des touristes ravis, mais simplement une succession de bac de calcaire, où l’eau s’écoule gentiment de l’un à l’autre. Si Scott s’élance sans problème dans ces piscines naturelles certes très attirantes, mon enthousiasme à moi se glace soudainement, en même temps que mon gros orteil qui goûte le premier à la fraîcheur un peu trop fraîche de cette eau turquoise! Je prends mon courage à deux mains et m’enfonce de plus en plus, mais ma volonté de fer fondra comme beurre au soleil une fois l’eau arrivée aux hanches…
Nous quittons Luang Prabang par un mini-van qui nous emmène vers Nong Khiaw en compagnie de quelques autres touristes, dont un couple corse avec qui nous discuterons durant les 4 heures de trajet. Nous leur parlons notamment de notre projet de parcourir le sud de la France lors de notre retour en Europe pendant l’été, et leur demandons si à tout hasard ils n’auraient pas un carré de pelouse où nous pourrions planter notre tente (on ne perd pas le nord). « Je pense qu’on peut vous trouver un peu plus que de la pelouse ». OK, le rdv est pris!
Nong Khiaw s’étire de la gare des bus à un pont, avant lequel on trouve facilement des bungalows à louer. Nous en choisissons un qui offre un petit balcon avec hamac et vue sur la rivière. Et les voisines qui hurlent face à l’attaque d’un sanguinaire et monstrueux papillon de nuit, c’est cadeau de la maison! Heureusement, Scott-le-sauveur viendra en aide à ces demoiselles en détresse, hilares et terrifiées à la fois.
La « ville » en tant que telle se trouve de l’autre coté du pont, et ne comporte que quelques hôtels (plus chers) et restaurants. L’intérêt du lieu est surtout la randonnée à faire jusque à un sommet proche, mais l’ardeur du soleil nous décourage assez vite (à moins que ce ne soit qu’un bon prétexte qui tombe à point nommé…). Nous nous contenterons donc de partir à l’exploration d’une série de grottes… que nous mettrons un certain temps à trouver! Le chemin est simple, et un escalier vertigineux mène à la grotte principale dont on fait le tour en quelques minutes (accompagnés d’une ribambelle d’enfants), mais on nous a renseigné un peu plus loin, une autre entrée plus intéressante. On longe donc les rochers par l’extérieur un bon moment (… genre vraiment longtemps), avant de finalement trouver le début d’un tunnel caché par de la végétation qu’il nous faut enjamber périlleusement. Mais l’effort en vaut la peine: on trouve ici un espèce de tunnel-labyrinthe offrant de multiples alcôves, et de-ci de-là, des panneaux indiquant « banque » ou « police station » accompagnés de dates remontant à la guerre du Vietnam!!! L’historienne en moins s’émerveille, tandis que la couillonne claustrophobe en moi s’accroche au t-shirt de Scott et le suit à la trace.
De Niang Khiaw nous rejoignons Muong Ngoy. Dans cette partie nord du Laos, plusieurs villages sont atteignables par les rivières plutôt que par les routes. C’est donc amusés et intrigués que nous nous embarquons dans un bateau-bus et remontons à contre-courant la rivière. À mi-chemin environ, au milieu d’un rapide, nous sentons le bateau racler sur des rocher. Rien de grave se dit-on, on est à la saison sèche et le niveau est bas. Sauf qu’une planche s’est soulevée et que l’eau commence à rentrer… Le conducteur tente tant bien que mal de se rapprocher du bord pour permettre une évacuation. Mais à cet endroit précisément, le bord est… un rocher glissant, sur lequel nous devrons tous nous agglutiner, une vingtaine de touristes, avec une vingtaine de sacs à dos et 3 VTT, sans compter un bateau à retenir contre le courant… Ce n’est qu’une bonne heure plus tard qu’un autre bateau arrive. Il accoste plus loin (hors de vue) et quelques minutes plus tard, un homme seul déboule des buissons, nous lance « boat, boat »en pointant vaguement la végétation, et fonce engueuler notre jeune navigateur-conducteur. Scott s’arme donc de la machette et taille un passage vers notre nouvelle arche… et tape dans une plante pleine de graines (ou quelque chose du genre, comme des pissenlits), qui se répandent partout sur et autour de lui… en version supra-urticante!
Concentrée de toute mes forces pour parcourir la route, les pieds dans 50cm d’eau, avec l’appareil photo autour du cou, je tombe nez-a-nez sur Scott assis sur un rocher, se balançant d’avant en arrière, en répétant « ça pique, ça pique! »… ya des jours comme ça… Après avoir « épilé » Scott de tous ses poils urticants, nous rejoignons enfin le bateau, et nous nous voyons offrir des tartines de nutella pour nous remettre de nos émotions (vous pouvez mieux imaginer cet épisode du voyage en regardant la vidéo en bas de l’article à partir de la 40 éme seconde), et en jouant au jeu le plus bièce-mais-marrant du monde: sheep-meeeeh!
Nous arrivons finalement, donc, à Muong Ngoy, où vraiment on peut arrêter de parler de ville pour ne plus employer que le mot village. Chemins de terre, population animale (pourtant pas si nombreuse) supérieure a la population humaine, réveil au chant du coq (qui a trouvé malin de se placer très très près de notre fenêtre). Nous choisissons une guesthouse adorable et fleurie, et ne tardons pas à sympathiser avec les deux Lilloises qui profitent du beau temps dans le jardin. Les activités touristiques ne faisant pas légion dans le coin (notons tout de même les buffets à volonté au coin de la rue pour le petit déjeuner, et les beignets banane en face de notre guesthouse), nous passons beaucoup de temps à discuter, et sympathisons assez vite.
Nous finissons par quitter ce petit havre de paix et rejoignons, une fois de plus en bateau, Muong Khua, un gros village/petite ville nettement moins charmant(e), où nous trouvons une guesthouse située de l’autre cote d’un pont terrifiant, dont la partie piétonne est faite de planches assez peu stables. Et c’est bien sûr sous mes pas (et non ceux de Scott) qu’une planche mal fixée soudainement s’abaisse et remonte (un peu comme une latte qu’on fait vibrer sur le bord d’un banc juste pour embêter le prof), coinçant mon pied au passage, et m’arrachant cris et petites larmes!
Nous ne passons qu’une nuit, avant de rejoindre Udomxai. Le routard nous parle de deux activités sympas à une vingtaine de km du centre, mais impossible de trouver un scooter ou même un vélo à louer, et les tuktuk (bien que nous ayons trouvé un autre couple de Français pour partager le trajet) refusent de nous emmener… On se contentera donc de faire le tour du temple sur les hauteurs de la ville. On repart le lendemain vers Luang Namtha, une ville super charmante et très fleurie, toujours aussi calme. Dans notre guesthouse toute mignonne, nous rencontrons coup sur coup un couple français aimant la photographie et sachant utiliser photoshop (avec qui Scott discutera longtemps), et Élodie, une homéopathe belge à qui nous apprendrons à rouler en scooter, pour nous rendre ensemble vers le parc national, situé non loin mais super décevant.
Totalement reposés et libérés de la folie et du stress que nous éprouvions en quittant le Vietnam, nous nous apprêtons à traverser la frontière thaïlandaise. En route vers le pays du sourire !