Japon deuxième partie : De Hagi jusque Takayama
De Hiroshima, nous autostoppons vers Hagi, une petite ville méconnue, intéressante selon le lonely planet pour ses anciens quartiers de samouraï (en fait c’est pas top). Mais en revanche nous y découvrons un temple extraordinaire qui nous enthousiasme réellement, loin des sentiers battus pourtant. On y trouve 500 lanternes en pierre recouvertes de mousses, entourées d’arbres centenaires et ponctuées de quelques tombes. On y passe un long moment, silencieux, méditatifs, contemplatifs et photographiques (malheureusement nos photos ne rendent pas hommage à la beauté du lieu à cause d’un mauvais éclairage).
Nous rejoignons ensuite Fukuoka, non loin de l’épicentre d’un tremblement de terre qui a fait quelques dizaines de morts il y a quelques jours seulement. Sur la route on croise d’ailleurs beaucoup de camions militaires en route pour apporter de l’aide aux sinistrés. Nous y passons deux nuits en couchsurfing chez un couple expato-japonais, et testons notre premier resto de sushi sur rail. Le principe est simple : les tables sont situées le long d’un rail sur lequel circulent des assiettes de sushis (ou autres), que vous prenez et mangez à votre guise, le prix dépendant de la couleur de l’assiette. On craque un peu le budget, mais on fait plaisir à nos papilles…
C’est donc heureux et la pense remplie que nous nous dirigeons, vers l’aéroport pour relier Sapporo, la ville principale de l’île du Nord, Hokkaïdo, célèbre pour sa nature préservée, ses nombreux parcs nationaux, ses ours et ses stations de skis. (À l’aéroport, nous savourons les boulettes de riz mixées d’épices que nous a préparées notre hôte). Nous y atterrissons cependant à une période étranges, trop tôt pour le ski mais trop tard pour les paysages printaniers, et surtout en plein pendant la golden week, la semaine de vacance de tous les Japonais. Autrement dit, les transports et les logements sont archi-full et très chers… On ne visitera donc pas la moitié de ce qu’on voulait à Hokkaïdo, mais au moins ici on bénéficie d’un temps beaucoup plus frais, et on admire une deuxième fois les cerisiers en fleurs, la saison étant plus tardive au nord. On poussera néanmoins 3 nuits à Furano, où l’on loue des vélos pour visiter un vignoble, une fabrique de fromage (où l’on goutera même une glace au fromage… étrange). De notre auberge, on a une vue imprenable sur les montagnes, et les couchers de soleil nous laissent rêveurs.
Nous passons le reste de cette maudite golden week dans une guesthouse de Sapporo, visitant le stade de baseball (sport national au Japon et plus largement en Asie, on a même hésité à aller voir un match), un grand bâtiment de béton où est diffusée une petite musique qui me laisse comme un arrière-gout d’hunger game. Sapporo est aussi connue pour sa bière. Il ne faut pas le dire deux fois à mon Belge de fiancé ! On part donc visiter la brasserie, une belle usine du 19e siècle rénovée en musée (la future architecte-décoratrice en moi complètement pensive et enthousiaste), que l’on survole pour arriver directement à la dégustation… et franchement leurs bières sont pas mal ! Scott a décrété, Belgian approoved!
Nous quittons finalement Hokkaïdo par avion pour rejoindre Nagoya sur l’île principale, et y louons un confortable AirBNB aux airs baroques (finalement offert par les parents de Scott… merci les beaux-parents !). Nous y visiterons le musée des sciences, un endroit super intéressant, où l’on peut faire soi-même plein d’expérience. On apprécie en particulier l’atelier-tornade où sont recréées les conditions de formation d’une tornade, que l’on visualise grâce à des fumigènes. Ils possèdent également un planétarium impressionnant, mais ne diffusent leurs séances qu’en Japonais… des ronflements me parviennent du siège d’à côté… Nous passons également pas mal de temps dans le parc autour du musée, qui nous séduit tous les deux. Nous rencontrons une Brésilo-japonaise avec qui nous passons plusieurs après-midi, une belle rencontre.
Nous quittons Nagoya, toujours en auto-stop, pour Inuyama où nous passons deux nuits en couchsurfing, logés dans une caravane devant la maison, pour notre plus grand amusement. Une première ! Notre hôte nous emmène voir un temple le premier soir, d’où l’on admire un coucher de soleil mémorable, et nous laisse la matinée suivante pour voir un autre petit temple et le château situés dans le voisinage.
Nous partons ensuite voir un matsuri à Ogaki, c’est-à-dire un festival/défilé de char comme il y en a beaucoup en cette saison et qui me rappelle étrangement le défilé du 21 juillet (… ou les 24h en version sobre et chars deluxes… ouais rien avoir avec les 24h en somme !). Chaque quartier a son propre char, sur lequel dansent de très jeunes geishas, s’activent des marionnettes ou se joue de la musique, le tout tracté et poussé par des jeunes hommes (pour la plupart) en costume traditionnel, chantant ou jouant de la musique. Le détour vaut vraiment la peine et nous remercions notre hôte autant que faire se peut.
Il nous propose ensuite de nous conduire à Gifu où nous avons réservé trois nuits dans un hôtels qui, étrangement, n’accepte pas les enfants. Mais rien d’anormal ne nous met la puce à l’oreille à ce stade. Notre hôte nous dépose dans le parking. On fait le tour du bâtiment, étonnés de ne pas trouver l’entrée principale. On passe donc par l’entrée parking. Arrivés à la réception, la pièce commence à tomber quand on voit des clients choisir leur chambre sur un écran géant tactile, et récupérer la clé à travers un rideau pour ne pas voir le réceptionniste. Hé oui, on a atterri dans un love hôtel ! Morts de rires, nous comprenons à retardement pourquoi il n’y a pas d’entrée principale à rue, ou pourquoi un ascenseur ne fait que monter et l’autre que descendre (ce qui évite au maximum que des clients se croisent). Notre hôte, qui aura probablement compris tout de suite, nous envoie un message nous avertissant que si on quitte la chambre, ce sera surement considéré comme un check-out. Nous découvrons donc amusés un lit emperor-size, un canapé, une machine à sous, un sextoy, une vaste baignoire-jacuzzi et des produits de beauté à n’en plus finir (j’ai compté 17 bouteilles, en plus des sels de bains, brosses à dent, brosse, et échantillons renouvelés chaque jour, et que nous continuons de ramasser), des boissons chaudes, une bouilloire, un frigo, un autre frigo rempli de boissons payantes, et une console Wii (sur demande). On passe donc nos journées en alternance dans la baignoire ou devant Mario Kart, imaginant déjà les réactions quand on racontera notre anecdote.
Après ces 3 jours de repos complet, nous rejoignons Takayama, en autostop, découvrant seulement à l’arrivée que notre conducteur habite dans la ville de départ et n’a fait tous ces kilomètres (260km) que pour nos beaux yeux !! Nous sommes partagés entre plusieurs sentiments : à la fois surpris, gêné et remplis de gratitude, nous lui forçons d’accepter un petit cadeau, bien modeste (un « super » calendrier) en comparaison de son geste. La ville en elle-même est plutôt sympathique, avec ses quartiers plus traditionnels remplis de magasins d’artisanat ; et la région est typique pour son habitat campagnard traditionnel. Scott étant moins intéressé par cet aspect, je m’apprête à faire l’excursion seule, mais je découvre au dernier moment que le village que je compte aller voir est en réalité un village reconstitué et payant. L’attrait retombe immédiatement et je fais demi-tour. En revanche, la ville d’à côté, Hida, est aussi célèbre que Kobe pour le bœuf. Nous achetons donc trois petits steaks, marbrés de gras, savoureux et fondants, orgasme culinaire total et partagé. (Perplexité au passage quand le boucher me montre un mot traduit en anglais expliquant que l’on ne peut quitter le Japon avec de la viande… oui mais non, je veux la manger la viande, pas l’emmener en voyage !).