conseils et réflexion pour faire un volontariat
Réel engagement, façon de découvrir un pays, mode de voyage à petit budget, moyen de rencontrer du monde, mise à profit d’une période de réflexion/transition dans sa vie, … il y a mille et une raison pour faire un volontariat/bénévolat en voyage. Nous même en avons fait quelques-uns pendant le nôtre. Il existe de nombreuses façons de trouver un projet dans lequel s’investir. Voyons cela ensemble.
C’est quoi un volontariat/bénévolat ?
Partons d’une définition simple : il s’agit de donner, à plus ou moins long terme, son temps et sa force de travail pour soutenir un projet, sans contrepartie financière. Selon le pays dans lequel vous vous rendez, le cadre légal peut être néanmoins différer. Renseignez-vous donc bien sur le visa requis, sur le cadre législatif (nombre maximum de jours de travail ? contrat ? quel recours en cas d’abus ? etc.), et sur les assurances.
Comment trouver un projet ?
Il existe de nombreux organismes/associations qui organisent des voyages et/ou encadrent des projets. D’autres plateformes mettent simplement en relation des volontaires et les organisateurs. Voici quelques exemples :
Les sites qui mettent en relation les hôtes et les volontaires (sans encadrement ni assurance)
- Wwoofing(World Wild Opportunities in Organic Farm): l’un des sites les plus connus. À l’origine le site avait pour but d’aider les projets bio et était donc essentiellement centré sur l’agriculture et l’élevage. Aujourd’hui le site s’est diversifié et propose aussi des projets dans qui touche à « la relation à la terre ». Vous pouvez consulter les offres gratuitement pour vous faire une idée, mais ne pouvez y répondre qu’avec un abonnement payant et restreint par pays. Si vous voulez avoir accès au woofing « France », il vous faudra payer 42€ pour une personne, 45€ pour deux. Pour l’Australie la cotisation est de 70AUD (~45€) pour 12 mois. Voici un site internet qui regroupe une communauté de woofers qui s’entraide : http://wwoofguide.com/
- Workaway : Un autre site très connu, proposant des offres dans absolument tous les domaines. Nous l’avons utilisé en voyage car la cotisation ne se limite pas qu’à un seul pays. Le prix est de 32USD pour une personne, 42 US pour deux. Le principe est le même que woofing mais ne se limite clairement pas à l’agriculture et à l’élevage. Nous avons trouvé un projet dans une ferme bio en Malaisie, et dans un « exchange language cafe » en Corée du Sud. Nous reviendrons plus tard sur notre expérience.
- HelpX : Le principe est le même que les deux sites précédents. L’inscription est gratuite, mais il est demandé une participation de 20€ pour avoir un compte premium afin de pouvoir contacter les hôtes. Mais sachez que vous pouvez être contacté gratuitement par des hôtes. Nous vous conseillons donc de bien remplir votre profil.
L’Europe
L’Europe a mis en place un programme pour subsidier des personnes cherchant à faire du volontariat via son programme « service volontaire européen ». Comme le dit le site web de ce projet : « Ce service permet à des jeunes (18-30 ans) de s’engager et de participer à des activités dans des domaines tels que la culture, le sport, la protection civile, l’environnement, etc., dans un pays de l’Union européenne ou ses voisins ». Cette solution nous semble être très intéressante car quasiment gratuite : l’Europe couvre les frais d’hébergements, de repas, de formation linguistique et minimum 90% des frais de transport. De plus, le volontaire perçoit une indemnisation mensuelle comprise entre 50€ et 160€ selon le pays. Voici quelques liens pour de plus amples informations :
- Pour les belges : https://www.lebij.be/index.php/service-volontaire-europeen/
- Pour les français : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F119
- https://ec.europa.eu/youth/policy/youth-strategy/voluntary-activities_fr
- http://servicevolontaireeuropeen.fr/
- http://europa.eu/youth/volunteering/evs-organisation_fr
Le porte à porte/ le bouche-à-oreille
Si vous voyagez longuement dans un pays et que vous souhaitez vous rendre utile, pourquoi ne pas simplement demander si telle ou telle personne/association/entreprise à besoin d’aide. Ça peut vous arrivez dans l’autre sens. Voici trois exemples qui nous sont arrivés :
- A Ho-Chi-Minh, nous avons été accostés par un professeur d’anglais qui cherchait désespérément des professeurs pour une école. Nous aurions bien voulu l’aider mais nous étions sur le point de partir pour notre roadtrip en moto ;
- Un professeur d’anglais cherchait sur couchsurfing des volontaires pour parler 1-2 heures avec ses élèves en échange d’un repas dans un restaurant local (toujours avec ses élèves). Nous avons accepté 2 soirs de suite et avons adoré l’expérience.
- Par curiosité, j’ai demandé dans un hôtel un peu chic au Cambodge (enfin… chic pour les backpackers que nous sommes) si le manager recherchait du staff européen. Et de fait, il proposait un emploi incluant logement de fonction et au moins 400 USD de salaire mensuel minimum.
Les associations/organisations qui organisent des « missions humanitaires »
Il en existe plein sur internet. Et c’est rarement gratuit. Et nous vous avouons que avons de sérieux doutes concernant le bienfondé de certaines « associations » (ces associations sont rarement à but non lucratif). Nous comprenons qu’une association doit rentrer dans ses frais, mais les prix demandés sont souvent exorbitants de notre point de vue. Nous ne voulons pas mettre toutes les associations dans le même panier, mais restez attentifs. Essayez de vous renseigner du coût de la vie sur place (pour avoir une idée du coût de la vie pour un backpacker pour certains pays d’Asie, vous pouvez consulter notre article sur notre budget en cliquant ici).
Autres
Il existe une multitude de volontariats. Pensez aussi à être « au pair », faire du gardiennage de maison (house-sitting, ou sa variante exotique : boat-sitting), au secteur de l’évènementiel,…
Les questions à se poser avant de choisir un projet
Ai-je les compétences nécessaires ?
Probablement la question la plus importante à se poser. Pour vous donner un exemple, peu après notre voyage au Népal, il y a eu un gros tremblement de terre (2015). Sous le coup de l’émotion nous étions sur le point de réserver des billets d’avion pour apporter notre aide. Mais ensuite nous nous sommes demandé si notre aide serait vraiment utile. Nous ne parlons pas la langue, nous ne sommes ni médecins, ni secouriste ou infirmier, ni architecte ou ingénieur ou expert dans la construction ou autre… Ne serions-nous pas simplement une autre bouche à nourrir ? Au final nous ne pensions pas qu’aller sur place serait la meilleure solution. Et après en avoir discuté avec des amis sur place, il s’est effectivement avéré sage de ne pas y aller.
Autre exemple… Nous avons vu de nombreuses propositions pour donner des cours d’anglais. Apparemment cette possibilité est très à la mode autant pour les anglophones que pour les francophones. Mais la question reste la même. Avez-vous les compétences pour enseigner ? Est-ce constructif pour les enfants d’avoir de nombreux différents enseignants au cours de leur année scolaire ? Des professeurs non natifs ?
Notre présence est-elle vraiment utile ?
Pour revenir à notre exemple des cours d’anglais, certaines organisations proposent à des volontaires de donner des cours d’anglais dans des écoles en Thaïlande. Mais en ont-ils vraiment besoin ? J’émets de sérieux doutes concernant cette démarche. Nous avons voyagé pendant 6-7 mois en Thaïlande, nous avons rencontré des jeunes de milieux « non favorisés » ayant terminé les secondaires avec un niveau d’anglais tout à fait acceptable (meilleur que beaucoup d’ados en Belgique). Nous ne pensons vraiment pas que la Thaïlande soit en demande de professeurs d’anglais. Nous suspectons en revanche certaines associations de faire croire qu’il y a une forte demande pour susciter les adhésions et ainsi maximiser leur profit. Je vous invite à lire cet article qui parle de cette problématique (à prendre au second degré): http://travel.cnn.com/bangkok/visit/price-volunteering-thailand-231682/
Un autre exemple : les excursions organisées par certains tours opérateurs pour installer un puit dans un village. But certes louable en soi, mais a-t-on vraiment pris le temps de demander aux villageois quels sont leurs besoins réels ? Ou même s’ils ont déjà un puit ?
Voici une petite vidéo montrant la problématique que soulèvent les volontaires aussi bien intentionnés soient-ils : https://www.youtube.com/watch?v=xn00s81i2wI
Suis-je motivé ? ou plutôt suis-je animés des bonnes motivations ?
Il n’y a rien de pire pour un organisme que de devoir gérer des personnes pas assez motivées. Tout le monde perd son temps. Ça peut tomber sous le sens, mais on a entendu parler de ce problème, où certains volontaires veulent juste profiter du gîte et du couvert gratuit. Nous en avons été témoins lors de notre volontariat en Corée du Sud où une volontaire faisais le minimum et passait un maximum de temps sur son téléphone
Autre chose… Nous ne savons pas trop comment aborder le sujet, alors soyons directs : si votre but est de faire un maximum de selfies pour vos réseaux sociaux pour montrer au monde quelle personne formidable vous êtes, nous ne pensons pas que ce soit la meilleure motivation du monde (on ne met pas tout le monde dans le même panier, et il est normal de repartir avec des images de notre voyage/volontariat/rencontre/…).
Quel visa pour un volontaire ?
La plupart des personnes pensent qu’un visa touristique est suffisant pour faire du volontariat à travers le monde. Ce n’est pas forcément le cas ! Certains pays considèrent le volontariat comme une forme de travail et exigent donc un visa travail Il est par exemple interdit en Thaïlande de faire du volontariat sans un visa travail. Même chose aux USA. Voici l’histoire de deux jeunes français dont leur arrivée aux USA s’est très mal passée : https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/ils-devaient-passer-l-ete-aux-usa-ils-se-retrouvent-en-prison-5105950. Nous vous invitons à la plus grande prudence lors de vos préparatifs : renseignez-vous bien sur la législation du pays ! Les ambassades et services d’immigrations pourront vous guider.
Est-ce ok de payer pour être volontaire ?
La question est délicate et les opinions partagées. Personnellement, nous ne nous voyons pas payer pour travailler. Nous donnons notre temps et notre énergie en payement pour le gîte et le couvert, nul besoin de payer une seconde fois. Deux exceptions cependant :
- certains centres ont vraiment peu de moyens, et payer une petite contribution peut aider à couvrir les frais que notre présence engendre (renseignez-vous sur les coûts de la vie locale) ;
- payer une contribution pour séjourner dans un lieu implique que vous pourriez (j’insiste sur le conditionnel, renseignez-vous !), aux yeux de l’immigration, ne plus être considéré comme un travailleur (visa travail) mais comme un touriste (visa touriste)
Toutefois de nombreuses associations font payer à prix d’or des voyages labellisés « eco-friendly »/ « volontourisme» (c’est tellement hype et tendance !)… Et nous sommes vraiment choqués des prix demandés ! Nous avons vu des prix allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros par semaines. Renseignez-vous sur le coût de la vie sur place (quelques exemples sur notre blog en cliquant ICI). Nous répétons que nous ne voulons pas mettre dans le même panier toutes les associations/organisations, mais certaines ne semblent pas franchement poursuivre un but non lucratif. Voici quelques reportages/articles qui peuvent aider votre réflexion, sans tout rejeter en bloc ! :
- https://www.rts.ch/info/monde/8342569-le-tourisme-d-orphelinat-un-business-aux-lourdes-consequences.html
- https://www.youtube.com/watch?v=uHq8O7i7oiA&feature=youtu.be&ab_channel=SVIasbl
- https://www.youtube.com/watch?v=E16iOaAP4SQ&feature=youtu.be&ab_channel=TheVoluntourist
- https://www.youtube.com/watch?v=F7U1uBTX5xg&ab_channel=France2NewDelhi
Attention aux profiteurs
Je parle cette fois de vos hôtes, des personnes chez qui vous allez être volontaire. Nous sommes parfois sidérés des propositions de certains. J’ai déjà vu des offres de volontariat où le logement était gratuit en échange de 5 heures de travail par jour. Vous voulez la nourriture gratuite ? Pas de soucis, il faut travailler 5 heures de plus ! Quitte à travailler 10 heures pour vous loger et nourrir, cherchez un job rémunéré !
Bien mettre les choses au clair avec les personnes qui vous accueillent
Primordial pour éviter les mauvaises surprises ou simplement pour éviter l’embarras du non-dit, lisez bien les conditions du volontariat. Et en cas de besoin, n’hésitez pas à poser vos questions aux personnes responsables ! Voici une petite liste non-exhaustive de point à vérifier (certes tous ne sont pas primordiaux) :
- Logements fournis ? + quel type de logement ? (il peut s’agir d’un matelas dans un dortoir, d’une chambre chez l’habitant, d’une cabine sur un bateau, d’une tente de camping, …)
- Sanitaire ? (il y-a-t-il une douche sur le site ? des toilettes ? quels types de toilettes ? Il y a-t-il l’eau courante ?)
- Nourriture incluse ? Si oui, 1-2-3 fois par jours ? Seulement pendant les jours de travail ?
- Combien de jours de travail par semaine ?
- Accès à internet ?
- Facile d’accès ?
- Restriction alimentaire ? (certains site sont végétariens ou vegan, alcool free, tabaco free, …, et attendent ou non de vous que vous en fassiez de même)
- Présence d’animaux/ acceptent les animaux ?
Pensez à être assuré !
Selon les obligations légales des pays où vous vous rendez, vous signerez ou non un contrat. Cela implique que vos hôtes ne sont pas forcément assurés si vous avez un accident. Certains hôtes exigent d’ailleurs une preuve que vous êtes assurés. Parlez-en avec eux !
Notre expérience
En Malaisie
Un peu blasé par la Malaisie, et bloqués par un billet d’avion, nous avons décidé de passer le temps qui nous restait en faisant du volontariat. Nous avons trouvé un projet dans une ferme qui voulait devenir bio et permacole, tenue par une nonne bouddhiste, attenante à un centre de yoga. Nous travaillions 5 jours par semaine, contre logement et nourriture (uniquement végétarienne, 3 repas par jour, cuisinés pour nous). Sur le papier, ça semblait être une belle occasion pour apprendre. Mais au final c’était assez décevant. La nonne venait en réalité de reprendre un grand terrain, et était dépassée par le travail à faire. Elle n’était pas sympathique, se contredisait souvent sans vouloir l’admettre, et son sens du management laissait à désirer. Delphine a passé la majeure partie de son temps à désherber, Scott coupait du bambou à longueur de journée. Nous cuisinions à tour de rôle. Le centre de yoga n’existait sur que sur le papier (mais on pouvait la joindre dans sa pratique du yoga chaque matin à 6h). Nous n’avons rien appris, mais heureusement, grâce aux autres volontaires, nous en gardons un très bon souvenir.
En Corée du Sud
Nous avons été contactés par un exchange language cafe à Busan (sud de la Corée du Sud). Le travail consistait à parler anglais avec des locaux pour les aider à pratiquer la langue. Les Coréens apprennent à écrire et lire, mais ils n’apprennent presque pas à parler anglais. Nous travaillions 5 jours semaines, de 15 à 22heures. Nous étions nourris 2 fois par jour (les jours de travail). Il y avait entre 20 et 25 volontaires. C’était très bien organisé et l’ambiance était excellente. Le point noir de ce volontariat était le bruit dans certains dortoirs. D’ailleurs Delphine a demandé à être logée dans un plus petit dortoir afin de dormir correctement. Vous trouverez ci-dessous une vidéo que Scott a réalisée pour montrer aux futurs volontaires à quoi ressemble le projet.
Conclusion
Si après avoir lu ces lignes, votre motivation est intacte, foncez ! Comme dans tout domaine il y a des profiteurs, mais il y a davantage de gens bien intentionnés (d’où l’importance des commentaires laissés par de précédents volontaires). Nous espérons simplement avoir pu vous aider dans vos préparatifs et vous avoir donné des pistes de réflexion et ouvert votre sens critique afin de poser des choix les meilleurs possibles. N’hésitez pas à aller lire d’autres blogs/forums pour lire d’autres points de vue et vous faire votre propre opinion !